Journalisme : entre pressions, les bons et les mauvais côtés du métier

Pression politique ou industrielle. Manque d’indépendance. Dans un climat de défiance vis-à-vis des médias en général, le métier de journaliste est de plus en plus mis à mal. Ajouter à cela l’épidémie de la Covid-19, je ne t’apprends rien si je te dis que la presse écrite va mal en France.

Pourtant, les journalistes sont indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie. Bien sûr, comme dans tous les métiers, il y aura toujours des brebis galeuses. Mais la plupart des journalistes essayent de faire le mieux possible leur travail, malgré la crise que traverse le secteur.

C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer ce nouvel article à l’envers du décor. Comment se passe une journée dans une rédaction ? Quels sont les bons et les mauvais côtés du métier ?

Comment se déroule une journée dans un quotidien ?

Pour répondre à cette question, je vais prendre en exemple le quotidien Le Progrès, pour lequel j’ai travaillé pendant deux ans.

Tous les matins dans un quotidien, ou une fois par semaine dans un hebdomadaire, c’est la conférence de rédaction. C’est l’occasion de débattre de l’actualité qui paraîtra dans le journal du lendemain. Pour prendre un exemple, au Progrès, elle se déroulait aux alentours de 9h30. Le/la rédacteur/rédactrice en chef est présent(e). Suivant le média, les chefs/cheffes de service (Politique, Culture, etc.) y prennent également part, tout comme certains rédacteurs/rédactrices.

La conférence de rédaction peut être animée. On y parle également de l’angle des papiers. Et en dernier recours, c’est toujours le/la rédacteur/rédactrice en chef qui tranche. Puis, les journalistes vont sur le terrain ou appellent des interlocuteurs/interlocutrices pour écrire leur article.

A la mi-journée, les secrétaires de rédaction (SR) vont commencer leur travail. C’est eux qui vont mettre en forme les pages du journal. Ils vont notamment choisir, en lien avec les responsables de chaque édition, les articles à mettre en haut de chaque page et ceux qui seront sur 5 colonnes. Au Progrès, le SR avait également la mission de relire les articles afin de corriger les fautes d’orthographe. Mais certains médias (c’est notamment le cas du Parisien) font toujours appel à des correcteurs/correctrices.

Aux alentours de 17h30, c’est la conférence pour la une. Le/la rédacteur/rédactrice en chef ainsi que le unier parlent des informations qui seront en une dans le journal du lendemain. Les responsables des éditions locales ont également leur mot à dire.

Une fois ce choix effectué, le/la unier doit trouver le titre percutant ainsi que les photos qui seront en une du quotidien. De leur côté, les secrétaires de rédaction envoient petit à petit les pages montées à l’impression. Et la dernière page transmise sera la une. Suivant les jours, elle doit partir entre 23h15 et 0h15.

Les différentes pressions dans un journal

En travaillant pour Le Progrès, j’ai eu de la chance : tous les appels des personnalités pour se plaindre ne m’ont jamais été transmis. Le journal m’a toujours permis de travailler en toute indépendance et de mettre en avant l’intérêt des lecteurs/lectrices avant les contraintes financières. Car il ne faut pas se faire d’illusion : dès que l’on écrit un article qui ne plait pas, la personne appelle très souvent la rédaction pour se plaindre. Et parfois, ces annonceurs peuvent décider d’arrêter de payer des publicités dans le quotidien.

Ainsi, je connais d’autres rédactions où malheureusement l’indépendance n’est pas de mise. Par exemple, dans certaines grandes villes du sud de la France, le maire donne son aval avant la publication d’article politique. Pour cette raison, il n’est jamais critiqué dans le journal.

D’autres pressions proviennent des industriels. En Bretagne, dans une lettre ouverte adressée au président de la Région, les journalistes se mettaient en colère contre la difficulté d’informer sur l’agroalimentaire local. Ils parlaient de « censure exercée par certains médias », ou encore de « pressions sur les témoins ». Rajoutons que certaines affaires de censure ne sortent pas auprès du grand public.

Ainsi, de ce que j’ai connu, les pressions sont quotidiennes. Les rédacteurs/rédactrices en chef, directeurs/directrices de la publication et autres responsables sont présents pour assurer l’indépendance de la rédaction et ne rien dire au journaliste s’il/elle a bien fait son boulot. Et heureusement que la plupart continuent de faire leur travail malgré la crise financière que subit toute la presse française.

Les mauvais côtés du journalisme

Plans sociaux, fatigue, précarité, etc. Les raisons sont multiples, mais elles aboutissent toutes à la même finalité : de plus en plus de journalistes quittent la profession. En 10 ans, le nombre de détenteurs de la carte de presse a chuté de 9,9 %, selon les Assises du Journalisme.

Avant de quitter le monde du journalisme, certains consœurs et confrères tombent en dépression et/ou font un burn-out. Si tu veux approfondir ce sujet, je te conseille l’article de Vice.

Alors, pour revenir à ce que je connais, c’est-à-dire au Progrès, le nombre d’arrêts maladie était très (trop ?) fréquent. Il est vrai que le métier de journaliste n’est pas de tout repos (tout comme de nombreuses autres professions !) Pour prendre un exemple personnel, j’ai travaillé 13 week-ends d’affilée, j’ai également travaillé à Noël et de nombreux jours fériés. Autre contrainte : on sait à quelle heure on commence, mais pas à quelle heure on termine. Ainsi, cela peut avoir des répercussions sur sa vie privée. De plus, c’est un métier de plus en plus impacté par la précarité (peu de médias recrutent en CDI) et qui paye assez mal. Par ailleurs, on nous demande également d’en faire toujours plus avec de moins en moins de moyens.

Dernier mauvais côté de la profession : les managers sont souvent des rédacteurs/rédactrices en chef. Or, un bon rédacteur/rédactrice en chef n’est pas forcément un bon manager. Dans certains médias, ces responsables demandent des choses totalement insensées aux journalistes. Ils les pressent comme des citrons.

Les bons côtés du métier de journaliste

Heureusement que le métier a toujours de bons côtés, sinon plus personne ne voudrait le pratiquer. Au Progrès, j’ai adoré parler des problèmes du quotidien. En les mettant en avant dans un journal, cela permettait de régler des situations souvent problématiques pour les habitants. D’ailleurs, sans les journalistes, de nombreuses affaires illégales et autres scandales ne seraient pas sortis. C’est vrai, qui aurait entendu parler de l’affaire Fillon sans les révélations du Canard Enchaîné ?

Autre bon côté : aller à la rencontre des gens. Moi qui suis un introverti, je n’aurais jamais eu la chance de rencontrer autant de personnes de tout horizon si je n’étais pas entré dans un journal. Et l’histoire de certaines personnes m’a beaucoup touché.

Enfin, si les salaires ne sont pas très élevés, les journalistes bénéficient toujours d’un abattement fiscal de 7650 euros. De plus, avec la carte de presse, l’entrée dans de nombreux musées est gratuite. Les journalistes profitent également de nombreuses réductions dans les magasins.

[Photo de couverture : Image par Daniel Friesenecker de Pixabay]

5 réflexions sur “Journalisme : entre pressions, les bons et les mauvais côtés du métier

  1. Jacques

    Les coulisses du journalisme sont très bien analysées. On voit les difficultés d’ y faire carrière!
    Cela pourrait faire une émission de  » Cash INVESTIGATION ». Bravo pour tous ces articles très fournis comme d’ habitude.

    Aimé par 1 personne

  2. Lorsque je me suis inscrite à l’université, j’ai été acceptée en journalisme et en enseignement. J’ai longtemps tergiversé, puis j’ai finalement choisi l’enseignement. Je ne regrette pas mon choix, mais je suis toujours restée curieuse du métier de journaliste. Merci d’avoir partagé ton expérience!

    J’aime

  3. Super intéressant ton article ! On critique souvent les journalistes pour leur manque de neutralité sur certains sujets mais on oublie les pressions qu’ils subissent ça ne doit pas être facile tous les jours, heureusement qu’il y a de bons côtés vraiment top 😊 bonne continuation à toi !

    Aimé par 2 personnes

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